Lorsque vous discutez avec votre médecin le langage qu’il utilise comporte toute sorte de mots étranges pour décrire les maux dont vous souffrez. Transformant une conversation pourtant importante en un indéchiffrable charabia, vous ressortez en sachant moins sur votre problématique qu’en entrant. Parmi le florilège des expressions médicales, il en est pourtant une qui se démarque des autres car elle comporte une part d’ombre plus grande que les autres. C’est lorsque votre médecin vous lance après la énième consultation sans résultat probant : « Vos symptômes ont sûrement une origine psychosomatique ! ». A partir de là tout est dit, votre psychisme est la cause de votre problème, ce qui en d’autres termes veut dire qu’à moins de traiter ce dernier, il est peu probable que le choses changent.

Diagnostique médical

 

Qu’est-ce que la somatisation ?

Il existe de nombreuses classifications et de termes qui, en définitive, ramènent tous plus ou moins aux mêmes résultats. Qu’on parle de psychosomatique, de somatisation ou de troubles somatoformes, cela traduit un état psychique (ou émotionnel) perturbé, qui occasionne des troubles d’ordre physique objectivables ou non. Par exemple une personne anxieuse quant à son activité professionnelle, présentera des maux d’estomac la veille d’un retour sur son lieu de travail. Son médecin mènera différentes investigations mais ne trouvera pas d’éléments organiques expliquant l’origine du symptôme. Le(la) patient(e) n’ayant pas de réponse et ignorant sa situation sera tenté(e) de multiplier les examens auprès de spécialistes dans l’espoir d’apporter une explication à son vécu. L’anxiété, elle, restera une cause sous-jacente jusqu’à ce qu’elle soit mise en lumière et traitée.

Nihil potest evenire nisi causa antecedente
(Cicéron : rien ne peut exister sans une cause préexistente)

Mais alors comment un problème qui est à priori dans la tête peut-il avoir un retentissement dans le corps ? C’est une question complexe dont la réponse l’est sûrement tout autant.

A n’en pas douter, il y a des éléments issus du développement de l’individu et du milieu dans lequel il a grandi qui sont à mettre en cause (ne jamais oublier que nous sommes le fruit de notre environnement). A titre d’exemple, un enfant ayant grandi dans une famille où les deux parents sont anxieux voire dépressifs aura plus de chance de développer des comportements similaires  qu’un enfant ayant grandi sans ce type d’exposition. De même, un enfant qui grandit dans une famille où la pression est mise sur la réussite scolaire a plus de chance de développer des exigences démesurées quant à la notion de résultat qu’une personne ayant grandie dans un milieu adapté à sa capacité et ses besoins. Tout ceci ayant comme corollaire le développement d’une personnalité plus ou moins équilibrée avec ses propres tendances pathologiques (histrionique, obsessionnelle-compulsive, évitante, dépendante, etc.) que je ne décrirai pas ici par souci de concision.

La somatisation le propre de l’être humain ?

Au vue de ce qui précède, la réponse est clairement non. Certaines personnes semblent plus aptes à s’adapter et donc ne sont pas ou peu sujettes à la somatisation. Néanmoins, on constate que de plus en plus de patients sont touchés par des troubles de longues durées ayant une composante somatique. On peut dès lors arguer que d’autres causes telles qu’environnementales (stress en tout genre, pollution, alimentation déséquilibrée, etc.) sont à considérer, en plus des éléments déjà mentionnés, pour expliquer la recrudescence de cas.

Dès lors que faire ?

La somatisation n’est pas une fatalité. Au contraire, il s’agit certainement d’une excellente manière de prendre conscience de son état interne. A partir du moment que les premiers 

Vincent_fâché

signaux se manifestent dans le corps et qu’ils n’ont pas d’origine physique objectivable, il convient de se poser des questions quant à son ressenti personnel : Comment est ma vie en ce moment ? Qu’est-ce que je vis ? Comment je le perçois ? Suis-je heureux(se) dans ce que je fais ? Des questions non-exhaustives dont le seul but est de mettre en lumière le vécu et apporter une compréhension de celui-ci. De ma propre expérience, rares sont les personnes qui n’ont pas une petite idée de ce qui ne va pas dans leur vie. Et pour illustrer mes propos, je livre ici ma propre expérience.

Quand une opportunité se présente

Septembre 2020 le verdict tombe, une hernie cervicale vient expliquer les douleurs atroces que j’ai depuis plusieurs semaines. Apogée du pire venant conclure définitivement ma carrière à la banque pour laquelle je travaille encore à temps partiel, je mets de longs mois pour retrouver un pseudo confort. Je me lance ainsi à 100% dans ma profession de thérapeute et très content de la tournure des événements laisse les mois s’écouler doucement au gré de ma guérison. Un beau jour néanmoins, une opportunité de travailler sur appel pour mon ancienne entreprise fait surface. Heureux de pouvoir mettre un peu de beurre dans les épinards comme on dit, rien ne semble venir s’opposer à ce petit coup de pouce financier et une mission de courte durée ne tarde pas à se présenter.

Je retourne donc sur mon ancien lieu de travail habillé de mon costume comme je l’ai fait pendant 20 ans. C’est alors qu’il va se passer un événement totalement inattendu. 

Vous reprendrez bien un peu d’hernie ?

Pendant qu’on m’explique les derniers changements en terme d’infrastructure informatique, je commence à ressentir une inexplicable angoisse me serrer l’estomac. En écho à ce premier signal, une douleur vive remonte lentement le long de mon dos et vient réveiller l’hernie cervicale pourtant calme depuis des mois. Conscient de ce qui est en train de se jouer et ne pouvant ignorer cet appel d’urgence, je décide de partir aussitôt laissant mes collègues dans l’étonnement le plus total.

Conclusion

J’aime rappeler qu’en tant que thérapeute j’apprends autant à mes patients que j’en apprends d’eux. Dans la situation que j’ai vécue il y a clairement une composante somatique qui est là pour délivrer un message. Un message que je n’avais pas anticipé (c’est là la beauté de la chose) mais qui était nécessaire pour me soustraire à une situation qui dans le fond n’était  plus adaptée à mes aspirations. 

La somatisation peut être un réel fardeau quant elle conduit à d’interminables errances. Cependant, dans tout problème il y a une opportunité et je crois qu’en ce qui concerne la somatisation c’est celle de mieux se connaître et d’écouter ses propres besoins.

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